Monsieur le Ministre de l'Agriculture, de la Pêche et du Développement Rural,
Monsieur le Président du Parlement andin,
Monsieur le Président du Groupe de travail thématique sur la sécurité alimentaire,
Monsieur le Représentant de l'Organisation des Nations Unies pour l'Alimentation et l'Agriculture (FAO) au Maroc,
Mesdames et Messieurs les parlementaires,
Mesdames et Messieurs, Représentants des secteurs et institutions publics, parapublics et privés,
Mesdames et messieurs experts et cadres,
Mesdames et messieurs,
Tout d'abord, je tiens à vous souhaiter la bienvenue à ce symposium parlementaire international intitulé "Souveraineté et sécurité alimentaire, entre les défis du contexte mondial et les questions de sécurité stratégique". Il s'agit de l'aboutissement des travaux du groupe thématique temporaire sur la sécurité alimentaire, et d'une occasion importante d'approfondir la discussion sur la question de la souveraineté et de la sécurité alimentaire dans le contexte de son lien avec la sécurité stratégique.
Cette réunion est également une dimension essentielle de la dynamique lancée par la Chambre des Conseillers dans le domaine de la sécurité alimentaire, que nous considérons comme l'une des pistes majeures de la vision stratégique du travail de la Chambre au niveau de la législation, du suivi gouvernemental et de la diplomatie parallèle. Nous sommes fiers que cette rencontre internationale réunisse des représentants des secteurs gouvernementaux et des organisations internationales concernées. Elle est également distinguée par la présence de représentants d'un groupe de parlements régionaux, en plus d'un groupe de représentants de think tanks, d'experts et de chercheurs internationaux et nationaux. Ceci confirme le statut de Rabat comme capitale de la coopération Sud-Sud et comme espace d'échange sur les grandes questions humanitaires et d'interaction avec les priorités économiques, sociales et de développement de nos peuples.
Ce colloque se déroule dans un contexte mondial difficile et complexe, dans lequel la question de la souveraineté et de la sécurité alimentaires figure en tête des agendas nationaux et internationaux, d'autant plus que le monde est confronté à une crise d'inflation sans précédent depuis des années et à un état d'incertitude et de doute sur les marchés, la logistique et les chaînes d'approvisionnement alimentaires et énergétiques. Il convient également de noter qu'il y a une augmentation significative de la demande mondiale de denrées alimentaires et que certains pays ont tendance à restreindre l'exportation de matières premières telles que le blé, le riz, le sucre, les huiles et certaines autres matières premières destinées à l'industrie alimentaire. Selon un certain nombre de rapports et de recherches internationaux, les principales raisons de cette situation difficile sont les suivantes:
Premièrement : l'impact persistant de l'épidémie de Covid-19 en général et de la politique de zéro Covid en Chine, car le système d'approvisionnement mondial n'a toujours pas été en mesure de revenir aux niveaux pré-pandémiques, et l'approvisionnement alimentaire mondial est confronté à de grandes difficultés pour assurer le rétablissement et la capacité de répondre à des niveaux plus élevés de la demande mondiale.
Deuxièmement : l'augmentation significative des prix mondiaux de l'énergie, qui ont doublé l'année dernière, ce qui est la cause directe de la situation actuelle d'inflation dans le monde, surtout à la lumière de l'augmentation significative du coût de la logistique maritime, à des niveaux dépassant 500% dans certains cas. Cette situation a fait doubler les prix d'un groupe de produits de base et a semé la confusion dans le système de la chaîne de valeur alimentaire mondiale.
Troisièmement : la guerre en Ukraine est également considérée comme l'une des raisons de l'exacerbation de la crise mondiale de la sécurité alimentaire, en raison de la position importante de la Russie et de l'Ukraine sur les marchés alimentaires mondiaux. Cela est d'autant plus vrai que les deux pays sont de grands producteurs de blé, d'orge et de maïs, et qu'ils contribuent également à environ 12 % des exportations mondiales de colza et 10 % des graines de tournesol. La situation risque de s'aggraver étant donné le manque de clarté quant à la capacité de l'Ukraine à redresser son système agricole en raison de l'état de guerre persistant et de la fermeture des principaux ports du pays.
Quatrièmement : le changement climatique constitue une menace croissante pour le système mondial de sécurité alimentaire. Depuis le début des années 1990, le nombre de catastrophes liées au changement climatique a doublé, entraînant une baisse de la productivité des cultures de base et contribuant à la hausse des prix des denrées alimentaires, à la baisse des revenus et à l'instabilité. À cela s'ajoute l'entrée de plusieurs pays européens et méditerranéens dans un état de sécheresse, ce qui laisse présager des problèmes plus complexes sur les niveaux de productivité agricole.
Toutes ces raisons confirment que nous sommes confrontés à un dilemme alimentaire structurel et que le monde se trouve à un moment critique. Il est donc impératif que chacun réfléchisse à l'émergence d'un nouvel agenda mondial pour la souveraineté et la sécurité alimentaires et élabore des modèles pour garantir les approvisionnements alimentaires nécessaires de manière juste et équitable. Nous sommes appelés à concevoir de nouveaux moyens pour affronter cette crise et à éviter les slogans dans notre manière de traiter cette problématique. D'autant plus que la souveraineté et la sécurité alimentaires constituent aujourd'hui l'un des principaux piliers de la sécurité stratégique nationale et internationale, et un facteur déterminant pour la construction d'un système durable de stabilité économique et sociale.
messieurs les présidents,
Mes chers collègues parlementaires
Le défi de la souveraineté et de la sécurité alimentaires ne se limite pas aux politiques nationales, mais son succès dépend principalement du renforcement de la coopération bilatérale entre les pays et de l'adoption d'un système multilatéral qui contribue à la défense des intérêts et développe un nouveau mode de coopération mondiale pour parvenir à un monde sans personnes sous-alimentées. Dans ce contexte, nous appelons à accélérer la mise en œuvre des objectifs de développement durable liés à la sécurité alimentaire et à renforcer le financement de l'Organisation pour l'alimentation et l'agriculture (FAO) et du Programme alimentaire mondial (PAM) afin qu'ils puissent jouer un plus grand rôle dans la résolution de la crise alimentaire mondiale. Nous recommandons également d'envisager le développement d'une plateforme mondiale pour l'échange de bonnes pratiques dans le domaine de l'agriculture et de l'alimentation, et une contribution collective efficace à la voie ouverte de la réforme de l'Organisation mondiale du commerce, y compris les questions liées à la reprise des négociations agricoles, la nécessité de soutenir la capacité de stockage public pour la sécurité alimentaire, et la promotion des pratiques liées à l'amélioration de la transparence agricole dans le soutien aux investissements.
Je saisis également l'occasion de la présence d'un groupe de représentants de parlements régionaux pour solliciter la considération de la possibilité de créer un " rassemblement parlementaire international sur la sécurité alimentaire ", qui constitue un cadre institutionnel parlementaire pour un plaidoyer commun sur le renforcement des pratiques législatives et institutionnelles dans le monde, et un rassemblement qui porte les préoccupations et les aspirations des populations pour un système mondial de justice alimentaire. Une nouvelle approche mondiale de la justice alimentaire est un point d'entrée essentiel pour renforcer la paix, la sécurité et la stabilité mondiales. A cet égard, nous rappelons le discours de Sa Majesté le Roi Mohammed VI, que Dieu l'assiste, lors du Sommet des Chefs d'Etat et de Gouvernement sur la désertification et la gestion durable des terres qui s'est tenu au mois de mai dernier à Abidjan, où Sa Majesté affirmait que " la sécurité alimentaire, la sécurité humaine et la sécurité en général, ainsi que la sécurité environnementale sont des enjeux. Comme nous le constatons aujourd'hui, les zones dont les conditions environnementales sont gravement détériorées sont souvent les mêmes que celles où éclatent les conflits, où les populations sont contraintes de fuir et d'émigrer, et où les groupes terroristes et séparatistes cherchent à s'infiltrer", ce qui constitue un message royal porteur de profondes connotations sur le lien étroit entre la sécurité alimentaire et la sécurité stratégique mondiale.
En conclusion, permettez-moi d'exprimer mes sincères remerciements à l'Organisation des Nations Unies pour l'alimentation et l'agriculture (FAO) pour le grand soutien qu'elle nous a apporté dans l'organisation de ce symposium parlementaire international, ainsi qu'aux secteurs gouvernementaux et aux institutions nationales pour leur réponse à la dynamique lancée par la Chambre des Conseillers dans le domaine de la sécurité alimentaire, et à vous tous pour votre participation et votre présence. Je souhaite également le succès des travaux de ce symposium et qu'il en ressorte des recommandations pratiques qui contribueront à enrichir le rapport du groupe de travail thématique sur la sécurité alimentaire en particulier et l'équilibre parlementaire dans ce domaine en général. Je réitère également la bienvenue à mes collègues parlementaires représentant chacun des Parlements de la Communauté Economique Ouest Africaine, du Parlement Arabe, du Parlement Méditerranéen, du Parlement Andin, de l'Association des Sénats, des Conseils de Choura et conseils équivalents en Afrique et dans le monde arabe, des experts internationaux et des chercheurs, et je leur souhaite un agréable séjour dans leur deuxième pays, le Maroc.
Que la paix soit avec vous et que la miséricorde de Dieu soit avec vous.