Un colloque organisé aujourd'hui, mercredi, par la Commission des Affaires étrangères et de la Défense nationale et des marocains résidents à l'étranger à la Chambre des Conseillers, a mis en évidence les défis de la mobilisation des marocains du monde pour contribuer au développement économique et à l'innovation dans le Royaume.
Ce colloque, organisé en partenariat avec le Centre International pour la Résolution des Conflits, s'inscrit dans le cadre du discours de Sa Majesté le Roi Mohammed VI à l'occasion de de l'ouverture de la première session de la deuxième année législative de la présente mandature, au cours de laquelle Sa Majesté le Roi a souligné la nécessité de renforcer la relation entre les marocains expatriés et leur pays d'origine en se mettant au niveau des compétences et des talents marocains, en soutenant leurs initiatives et leurs projets. Sa Majesté le Roi a souligné la nécessité de renforcer la relation entre les Marocains du monde et leur pays d'origine en suivant le rythme des compétences et des talents marocains à l'étranger, en soutenant leurs initiatives et leurs projets, ainsi qu'en motivant les jeunes marocains et les entrepreneurs résidant à l'étranger à profiter des nombreuses opportunités d'investissement offertes par leur pays d'origine.
Dans son allocution à la session d'ouverture de ce colloque, auquel ont participé des acteurs juridiques et politiques ainsi que des représentants de la communauté marocaine, le président de la Chambre des Conseillers, Naam Miyara, a déclaré que l'ouverture aux questions qui préoccupent les marocains du monde suscite l'intérêt des élites, des citoyens et des marocains eux-mêmes, en vue d'ouvrir une débat sur les droits de la communauté marocaine et son rôle vis-à-vis de sa patrie, un avertissement pour dépasser l'aspect politique et l'intérêt étroit lié au rôle des marocains du monde dans le développement économique et social et de les considérer comme des marocains avant d'être une "ressource économique".
Dans ce contexte, M. Miyara a appelé à surmonter les stéréotypes associés à la communauté marocaine, qui la réduisent à la dichotomie des vacances d'été et des envois de fonds, soulignant "qu'en tant qu'acteurs, nous devons être bien conscients du rôle de la communauté à l'intérieur et à l'extérieur du Maroc et parler de la troisième génération, qui a acquis de facto une double nationalité avec des contextes culturels et religieux différents ".
Dans ce contexte, il a demandé : " Comment pouvons-nous, en tant que marocains, mobiliser ces énergies et assurer le développement de leur attachement à la patrie et de leur engagement ? ". Il a souligné l'importance de ce débat qui permet à la Chambre des Conseillers d'aborder les questions des marocains du monde et de les transférer aux institutions politiques et d'interagir sur ces dernières, ainsi que sur les défis qui se posent tels que l'intégration et la sécurité.
Concernant la contribution des marocains du monde à l'investissement, M. Miyara a souligné que 2,9% de la communauté marocaine investit au Maroc, notamment dans le secteur de l'immobilier, malgré les problèmes auxquels il est confronté, "ce qui nous pousse à les impliquer dans la prise de décision politique et économique dans le cadre de cette dynamique que connaît le Maroc". Notant le rôle joué par la communauté marocaine à l'étranger pour présenter l'image d'un Maroc de tolérance et d'acceptation de l'autre.
De son côté, la présidente de la Commission des affaires étrangères, de la défense nationale et des marocains résidant à l'étranger au sein de la Chambre des Conseillers, Nayla Maya Tazi, a indiqué que la Chambre des Conseillers soulève ce débat afin de mettre la lumière sur les mécanismes visant à renforcer, faciliter et accélérer la contribution des marocains à l'étranger au développement, notamment dans le domaine de l'investissement.
Mme Tazi a souligné que les acteurs des domaines politique et médiatique accordent de l'importance aux transferts financiers assurés par la communauté marocaine, "mais il est important d'apprécier l'apport immatériel des marocains du monde à travers leurs compétences exceptionnelles dans divers domaines et les importants postes de responsabilité qu'ils occupent également dans les secteurs commercial, politique, scientifique et intellectuel.
La présidente de la commission des affaires étrangères a souligné que la communauté marocaine est "une force douce et inestimable qui est nécessaire pour renforcer la diplomatie marocaine et réaliser le développement économique du Maroc", appelant à l'innovation et au développement de nouveaux mécanismes législatifs et autres tels que la médiation et l'arbitrage pour renforcer l'attractivité du Maroc auprès des marocains du monde.
De son côté, le président du Conseil de la diaspora, Driss El Yazami, a souligné la nécessité de dépasser les stéréotypes sur les marocains du monde et de renforcer le débat public à leur sujet dans le cadre de la mise en œuvre des directives de Sa Majesté le Roi Mohammed VI par les différents acteurs, dont le Conseil de la diaspora.
Dans son intervention, M. El-Yazami a souligné la nécessité de prendre en compte les transformations proposées, notamment le phénomène de la migration entre le présent et le futur, et le phénomène de la mondialisation de la migration qui crée des défis au niveau de la mobilisation, outre la présence des marocains dans plusieurs continents, ce qui pose le défi de la langue de communication et la langue des cultures, ainsi que le défi de l'acceptation de la double appartenance, la féminisation de l'immigration, et le développement culturel de la communauté.
Nous sommes face à un changement stratégique qui nous impose également de ne pas oublier les groupes marginalisés et vulnérables que sont les migrants en situation irrégulière, les enfants non accompagnés et la génération contractante, a-t-il déclaré, appelant à une évaluation du bilan et des résultats des politiques publiques mises en œuvre, afin de mobiliser la communauté marocaine.
D'autre part, le président du conseil de la diaspora a lancé une alerte sur ce qu'il a appelé la "bataille internationale" pour attirer les talents, expliquant que les pays attirent des compétences médicales et informatiques ainsi que des étudiants, ce qui "nous appelle aussi à investir dans une politique d'accueil des étudiants étrangers pour qu'ils deviennent des compétences".
Outre la mobilisation au niveau national, M. El-Yazami a souligné la nécessité de prendre en compte et d'évoquer la dimension géographique afin de mobiliser les compétences des marocains dans le monde, soulignant que la bataille des prochaines décennies s'articule principalement autour du domaine humain, avec la contribution de la communauté marocaine au renforcement de l'aspect scientifique des universités, tout en évoquant le défi posé par le retour des compétences des marocains du monde.
De son côté, le président du conseil d'administration du Centre international pour la résolution des conflits, Monsieur Chams El-Din Abdati, a déclaré : Ce colloque s'inscrit dans le cadre de la volonté de Sa Majesté le Roi d'accorder une attention particulière aux investissements et aux initiatives de la communauté marocaine à l'étranger, outre le renforcement de l'attractivité du Maroc en matière d'investissement, le renforcement des règles de concurrence et mettre en place des mécanismes d'arbitrage et de médiation pour résoudre les différends dans ce domaine.
M. Abdati a attiré l'attention sur les transformations juridiques, commerciales et économiques qui se déroulent dans le monde, et au Maroc en particulier, pour contribuer à la série de mobilisations des marocains du monde dans diverses institutions, et pour imaginer des solutions aux différents défis posés.
Il a souligné que ce qui est demandé aux institutions publiques est d'être une "force de proposition", en étant ouvert à l'accompagnement de la diaspora au niveau de l'investissement, en apportant des solutions et en gagnant des paris sur les problématiques des marocains du monde et en les impliquant dans le développement économique.
Dans ce contexte, le responsable du Centre international de résolution des conflits a souligné la contribution du législateur marocain à la promulgation d'un ensemble de lois, dont le code de commerce, la loi portant création des tribunaux de commerce, la loi sur les prix et la concurrence, la loi sur l'arbitrage, et le programme de réforme de la justice afin d'améliorer le climat des affaires, soulignant que les nouvelles orientations de gestion des dossiers d'investissement et des différentes activités économiques et de leurs litiges nécessitent des systèmes juridiques conformes à la législation internationale.