Mme Jiko Luveni, Présidente du Parlement fidjien
Mme Claudia Roth, Vice-Présidente du Parlement allemand
Mme Gabriela Cuevas Barron, Présidente de l’UIP
Permettez-moi tout d’abord de vous remercier pour l’occasion qui m’est donnée pour m’adresser devant cette honorable audience, non seulement au nom de la délégation parlementaire marocaine, mais également au nom des délégations parlementaires africaines qui, depuis la Réunion parlementaire à l’occasion de la COP22 tenue à Marrakech le 13 novembre 2016, ne cessent d’accroitre des échanges consultatifs permanents et fructifiés en vue de mettre en œuvre une action parlementaire africaine commune de lutte contre les changements climatiques.
En effet, réaffirmant le rôle fondamental et impératif des parlements dans la mise en œuvre des objectifs de l’Accord de Paris, et s’inspirant du Plan d’action parlementaire sur les changements climatiques adopté à Lusaka lors de la 134ème Assemblée de l’UIP en mars 2016, et considérant surtout que le continent africain demeure la région la plus vulnérable aux effets néfastes du déséquilibre climatique mondial, les parlements africains se sont mobilisés activement pour apporter leurs contributions dans le cadre de la lutte face aux nouveaux défis générés par la dégradation du climat mais également pour mener un plaidoyer global et effectif en faveur d’une justice climatique mondiale, équitable et durable.
Mesdames les présidentes,
Mesdames et messieurs,
Je ne saurais ici revenir sur le parcours des rencontres multilatérales, des réunions thématiques, des conférences-débat et autres actions menées par les parlements africains à ce sujet, et ce depuis Paris 2015, en passant par Marrakech 2016 et en arrivant aujourd’hui à Bonn 2017. Mais permettez-moi néanmoins ici d’en signaler l’un des moments les plus fortement productifs lorsque s’est tenue à Rabat, le 17 octobre dernier, la Réunion parlementaire consultative africaine sous le thème : « Le climat et le développement durable, des accords à la mise en œuvre : le point de vue des parlementaires africains » et dont l’objectif était justement d’ouvrir des consultations nécessaires pour l’avant-Bonn-COP23 et sur la base desquelles des recommandations ont été élaborées dans le cadre d’un document final.
Ce document, élaboré par les présidents des parlements africains ayant participé à cette réunion de concertation et intitulé « Déclaration de Rabat » que je me permets de partager ici avec vous, s’articule sur des conclusions que les parlements africains considèrent impérativement liées à toute action qui se veut efficace en matière de mise en œuvre de l’Accord de Paris, dont je citerais très brièvement les principales recommandations :
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Les présidents des parlements africains renouvellent leur attachement aux progrès réalisés dans le cadre des engagements internationaux en matière de changements climatiques et qui ont abouti à l'Accord de Paris et à la Déclaration de Marrakech, pour œuvrer en faveur du climat et le développement durable ; ils expriment leur refus catégorique de tout recul concernant les conventions déjà arrêtées ; ils invitent également les Parlements nationaux à œuvrer à la mise en œuvre de ce qui a été déjà convenu et faire face à tout recul concernant ces engagements ;
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Ils invitent les Etats et les organisations donateurs, en particulier les pays riches, à remplir d'une manière urgente leurs obligations vis-à-vis du « Fonds vert pour le climat » comme mécanisme pour l'atteinte de l'objectif de transférer les crédits des pays riches vers les pays en voie de développement, en particulier les plus vulnérables d'entre eux qui sont en même temps les plus affectés par les déséquilibres climatiques. Ils invitent également à injecter les fonds nécessaires pour mettre en œuvre des initiatives ciblées et réduire les effets des déséquilibres climatiques sur les peuples africains ;
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Ils demandent des allocations accrues pour l'agriculture dans les pays africains à financer à partir du "Fonds vert pour le climat", et ce compte tenu du rôle critique et central de ce secteur dans l'approvisionnement et la sécurité alimentaires, l'emploi et la conservation des sols et dans la dynamique économique et la stabilité de la population ;
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Ils lancent un appel aux pays riches et aux investisseurs internationaux pour la facilitation des transferts de technologie vers l'Afrique et pour que les pays du continent soient à même de faire face aux effets des changements climatiques, en particulier la sécheresse et l'adaptation du secteur agricole à travers les méthodes d'irrigation appropriées, de gestion de l'eau et son utilisation dans le contexte des changements climatiques ;
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Ils mettent l'accent sur l'importance d'investir dans la production d'énergie à partir de sources renouvelables, d'autant plus que l'Afrique qui dispose d'un énorme potentiel de ces ressources est un marché prometteur dans le domaine de l'énergie, et ce compte tenu de l'ampleur des déficits dont souffrent plusieurs pays africains ;
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Ils réitèrent à cet égard que le financement d'un plan stratégique de développement en Afrique, est une question de réparation des dommages historiques et d'équité à même de conjurer les effets négatifs des déséquilibres climatiques sur le continent qui n'est pas responsable de ces déséquilibres, puisque ne contribuant qu'à une part infime aux émissions de gaz à effet de serre, soit moins de 4% des émissions totales.
Mesdames les présidentes,
Mesdames et messieurs,
Ce sont ici quelques recommandations contenues dans la « Déclaration de Rabat » que mes collègues Honorables présidents de parlements africains m’ont chargé de soumettre à votre aimable appréciation pour enrichir nos débats d’aujourd’hui en souhaitant que le Secrétariat général de l’UIP veuille bien adjoindre cette déclaration aux documents de cette Réunion parlementaire à l’occasion de la COP 23.
Pour conclure, je saisie également cette occasion pour présenter à l’UIP le rapport de la Conférence parlementaire organisée, le 26 janvier 2017 à Rabat, par la Chambre des Conseillers du Maroc, en collaboration avec Grantham Research Institute on Climate Change and Environement et Westminster Foundation for Democracy, sous le thème : « Harmoniser la législation nationale avec l’Accord de Paris sur le changement climatique ». Ce document nous sert désormais de feuille de route législative pour répondre aux exigences que nous impose la mise en œuvre des objectifs de l’Accord de Paris.
Je vous remercie de votre attention.